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Quand les smartphones font les devoirs : les applications d’apprentissage peuvent-elles mettre en danger l’éducation de votre enfant ?

| 05 Apr 2023
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Un problème de mathématiques difficile à résoudre ? Il suffit de prendre une photo et de l’envoyer à une application pour obtenir une solution accompagnée d’une explication. Des devoirs à partir d’un manuel scolaire ? Utilisez simplement votre téléphone : recherchez le livre dans une base de données et consultez les résultats !

Les applications d’apprentissage actuelles permettent aux enfants de trouver plus facilement des réponses à toutes leurs questions. S’agit-il d’un nouveau moyen simplifié de tricher ? Ou ces applications peuvent-elles réellement éduquer votre enfant ?

Des livres à Internet, et d’Internet au smartphone

Les enfants tendent souvent la main vers leur téléphone pour régler différents problèmes : combattre l’ennui ou communiquer avec leurs amis et leur famille, mais aussi faire leurs devoirs. Jusqu’à récemment, le débat concernant l’utilisation d’Internet par les enfants à des fins éducatives était principalement axé sur les sites encyclopédiques, tels que Wikipédia. On pensait au début qu’ils menaçaient l’éducation des enfants. Cela était dû en partie au manque de fiabilité occasionnel des sources en ligne, mais surtout au fait qu’Internet simplifie considérablement l’accès des enfants aux solutions.

Un jugement similaire était associé à l’utilisation des vidéos YouTube pour l’apprentissage, même s’il existe des chaînes spécialement destinées à l’éducation telles que Khan Academy. Mais existe-t-il vraiment une telle différence entre la recherche de réponses en ligne et la recherche de réponses dans un livre ? Dans les deux cas, se contenter de copier l’explication fournie peut être considéré comme de la triche, mais lorsque les enfants filtrent, assemblent et réécrivent des informations importantes, ils peuvent, en fait, apprendre et comprendre la question donnée de manière plus approfondie.  

Avec le développement des technologies, les étudiants sont désormais en mesure non seulement de rechercher des informations en ligne, mais également d’utiliser des applications spécifiques qui font le travail à leur place. Par exemple sur Photomath, les enfants peuvent envoyer des photos de formules mathématiques et obtenir rapidement un résultat accompagné d’une explication étape par étape de la méthode. Socratic se concentre non seulement sur les mathématiques, mais également sur la philosophie, la littérature et les études sociales. L’application propose des informations sur une variété de questions et facilite la compréhension des réponses pour les jeunes élèves.

Wolfram Alpha fonctionne de manière similaire mais s’adresse principalement aux étudiants. Brainly est une application sur laquelle les utilisateurs peuvent poser des questions et obtenir des réponses d’autres étudiants. HwPic est une application similaire qui offre aux questions posées les réponses de tuteurs sélectionnés. Comment aborder ces nouvelles applications d’apprentissage qui offrent des solutions spécifiques aux devoirs scolaires et rendent apparemment inutile tout tri d’informations ?

Interdictions des écoles versus bonnes intentions des créateurs

Alors que les applications d’apprentissage sont de plus en plus utilisées par les enfants, les enseignants et les parents sont contraints de réagir aux défis que peuvent représenter ces nouvelles aides à l’étude. Ainsi, le district scolaire Bethlehem Central aux États-Unis a décidé de décourager les enfants d’utiliser ces applications en les rassurant sur le fait que lorsqu’ils ont besoin d’aide, ils peuvent toujours s’adresser à leurs enseignants plutôt qu’à leurs smartphones. Pourtant, les créateurs de ces applications soulignent le potentiel pédagogique de leurs produits.  

PhotoMath, par exemple, a été créé par un ingénieur qui avait des difficultés à aider ses enfants à résoudre leurs devoirs de mathématiques. Il ne parvenait pas à simplifier les explications qu’il donnait à ses enfants, et pensait que beaucoup d’autres parents étaient confrontés au même dilemme. Son invention était censée aider à la fois les enfants et leurs parents en améliorant leur coopération. Plusieurs autres applications font également valoir leurs arguments en encourageant les enseignants et les parents à les utiliser ainsi que les technologies comme outil d’apprentissage.

Brainly, par exemple, invite les parents à créer leur propre compte, le connecter au profil de leur enfant et l’utiliser pour voir les réponses dont les enfants ont besoin, ou pour trouver des informations sur les sujets des cours.  

Les créateurs de ces applications sont toutefois conscients que leurs produits peuvent être utilisés pour tricher. En réponse à la question, HwPic interdit la tricherie dans ses conditions générales et refuse de proposer des réponses à tout document portant le mot « quiz » ou « épreuve ». Conrad Wolfram, directeur du développement stratégique de Wolfram Research, défend l’application Wolfram Alpha en affirmant que « c’est tricher de ne pas apprendre les mathématiques sur ordinateur, parce que nous privons les élèves d’une réelle compréhension conceptuelle et de la possibilité d’approfondir encore plus le sujet. » Alors, où se trouve la vérité ? 

Tout est question d’utilisation !

Lorsque les applications d’apprentissage sont utilisées pour apprendre et non pour tricher, elles peuvent réellement profiter à l’éducation d’un enfant. Dans les cas où personne ne peut les aider, les applications permettent aux enfants de trouver des réponses à leurs questions et de les utiliser pour leur propre apprentissage. C’est particulièrement utile pour les enfants uniques, ou pour les enfants dont les parents sont trop occupés pour les aider à faire tous leurs devoirs.  

Jarmila Tomková, psychologue, explique : « Tous les enfants n’ont pas une famille ou des frères et sœurs qui les soutiennent et les aident à se préparer à l’école. De cette façon, ils ne seront peut-être pas discriminés en raison de leur manque de ressources et pourront gérer eux-mêmes leur préparation. » Les applications peuvent également servir d’outil aux parents pour travailler ensemble avec leurs enfants : « Un parent peut être un superviseur de cet apprentissage, et gérer la situation au lieu de considérer passivement l’application comme un remplacement de son rôle, » ajoute Jarmila Tomková.

Certaines applications peuvent convenir aux enfants qui aiment étudier seuls plutôt qu’en groupe, tandis que d’autres encouragent les enfants à collaborer en partageant leurs connaissances et en aidant les autres utilisateurs. Grâce au travail d’équipe, les enfants peuvent apprendre que même s’ils ne sont pas les plus compétents dans certains domaines, ils peuvent quand même aider leurs camarades dans d’autres matières.  

Par conséquent, ces applications peuvent aider les enfants à prendre confiance en eux, ce qui est un atout majeur. Enfin, il y a les enfants dont la première langue n’est pas l’anglais. Grâce aux applications, ils sont obligés de pratiquer une langue étrangère, ce qui fait de cette technologie un excellent outil pour l’apprentissage interdisciplinaire.

La psychologue Jarmila Tomková souligne que l’aspect social des applications est l’un de leurs principaux avantages : une communication entre pairs peut renforcer les compétences de l’enfant et favoriser son estime de soi, ce qui est un aspect important de la vie quotidienne. Les enfants qui aident leurs camarades doivent approfondir leurs connaissances afin de formuler clairement leurs messages, tandis que ceux qui reçoivent l’information, voient qu’il est possible pour des enfants de leur âge de maîtriser ces connaissances.  

Avant l’apparition de ces applications, les enfants doués risquaient souvent d’être exclus parce qu’ils étaient « trop portés sur l’apprentissage », mais ils disposent désormais d’un environnement où ils se sentent utiles et où les autres accueillent leurs connaissances. Ces applications sont également l’occasion de co-créer une communauté, de rencontrer de nouvelles personnes et de mélanger des enfants d’âges, de sexes et de contextes sociaux différents. Nous pourrions dire que ces aspects montrent comment les outils numériques peuvent contribuer à renforcer la sociabilité, plutôt qu’à isoler les gens

En tant que parents et enseignants, nous pouvons utiliser les applications avec les enfants et projeter notre propre vision de l’éducation sur la manière dont nous utilisons les outils d’apprentissage via smartphones. Si nous percevons l’éducation uniquement comme un processus de mémorisation d’informations et d’obtention de bonnes notes, nous pouvons, sans le savoir, conduire les enfants à détourner les applications pour tricher et obtenir juste assez de bons résultats pour réussir dans une matière.  

Mais si nous insistons sur le fait que l’éducation consiste principalement à comprendre les choses et les processus qui se cachent derrière des questions complexes, nous pouvons inciter les enfants à utiliser les applications pour leur propre bien et apprendre avec leurs camarades. Si PhotoMath, Socratic, Brainly et consorts peuvent fournir des informations aux enfants, ces derniers doivent savoir qu’il ne suffit pas de copier ces réponses dans leurs cahiers sans y réfléchir. Au mieux, ces applications servent à leur fournir des outils avec lesquels ils peuvent développer leurs propres connaissances.  

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