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10 idées reçues sur le cyberharcèlement : faisons le point !

| 10 Sep 2025
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Séparer la vérité de la fiction est la première étape pour prendre de meilleures décisions parentales et protéger les enfants.

Le harcèlement en ligne est souvent synonyme d’idées reçues. Pourtant, 24% des familles françaises ont été confrontées au moins une fois à une situation de cyberharcèlement selon une étude de l’association e-Enfance. Toujours selon cette même étude, 60% des 18-25 ans déclarent avoir déjà été confrontés à une situation de cyberharcèlement et 69% des victimes souffrent de troubles du sommeil, de l'appétit ou de désespoir.

Alors il semble logique que les parents s'inquiètent de ces chiffres et de cette hausse de l’intimidation en ligne. Mais comme pour beaucoup de phénomènes en ligne, la réalité du cyberharcèlement est plus contrastée que ce que l’on perçoit en ligne. Alors pour y voir plus clair, démystifions certaines des idées reçues les plus courantes :

1. Ce qui se passe en ligne reste en ligne.

Comme beaucoup de tendances en ligne, le harcèlement est rendu possible par la technologie, mais ses racines sont profondément ancrées dans la psyché humaine. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les enfants peuvent adopter un comportement de harcèlement : une pression de leurs camarades, mais aussi une faible estime personnelle qui sont autant d’éléments qui peuvent alimenter la recherche d'attention et la violence numérique. Les réseaux sociaux constituent un moyen facile d'intimider les autres de manière omniprésente. Mais cela ne se limite pas à la sphère en ligne. Les harceleurs peuvent vouloir tourmenter leurs victimes dans la vie réelle également. Et même s'ils ne le font pas, les dommages psychologiques qu'ils peuvent infliger ne serait-ce que dans le monde numérique ont un impact réel sur leurs victimes.

2. “Après tout, ce ne sont que des enfants !”

Considérer le harcèlement comme un comportement normal chez les enfants qui grandissent revient à minimiser sa gravité potentielle. En réalité, le harcèlement en ligne comme hors ligne peut avoir des conséquences graves à long terme sur le développement social et émotionnel de la victime. Par ailleurs, le cyberharcèlement ne touche pas uniquement les enfants. Le trolling, le doxing (partager en ligne les informations personnelles d’une personne pour lui nuire), le "revenge porn” et le harcèlement sont autant de formes de cyberharcèlement que la plupart d'entre nous connaissons et qui peuvent aussi nous arriver dans nos vies d’adulte.

3. "Oublie tout ça et ça finira par se calmer.”

Malheureusement, cela fonctionne rarement. Selon le même principe, il est faux de penser que signaler un comportement de cyberharcèlement ne fera qu'empirer les choses. Si vous essayez de l'ignorer, cela peut même parfois encourager le harceleur (et ce particulièrement s'il pense que ses actions peuvent avoir un impact). Comme l'a écrit cette jeune fille sur le site web de l'Unicef, ce n'est qu'en prenant des mesures concrètes et concertées et en confrontant directement le bourreau qu'il y a un espoir de solution.

4. Mon enfant me dira s'il y a un problème

Si votre enfant est honnête et ouvert avec vous à 100 %, vous avez de la chance. Les enfants passent par plusieurs phases distinctes au cours de leur croissance, ce qui modifie leur relation psychologique et émotionnelle avec leurs parents. À l'adolescence en particulier, ils peuvent être trop gênés ou humiliés pour vous dire que quelque chose ne va pas. Ils peuvent ne pas comprendre la gravité de ce qui leur arrive. Ou ils peuvent craindre que vous ne les punissiez ou leur confisquiez leur appareil s'ils vous en parlent. Les rassurer en leur disant que vous êtes là pour les soutenir, et non pour les juger ou les punir, est l'une des meilleures choses que vous puissiez faire pour les aider à se confier.

5. Il suffit de supprimer la technologie pour résoudre le problème.

Le cyberharcèlement est rendu possible par la technologie, mais il ne disparaîtra certainement pas comme par magie si vous confisquez le smartphone de votre enfant. S'il est victime de harcèlement à l'école, les occasions de poursuivre ce harcèlement hors ligne ne manqueront pas. Punir votre enfant en lui retirant son appareil ne fera que renforcer la position du camarade harceleur et n'améliorera en rien la relation avec votre enfant.

6. Il est presque impossible d'identifier les harceleurs

Parfois, l'anonymat en ligne donne effectivement du pouvoir aux cyberharceleurs, tout comme il favorise la cybercriminalité. Mais en réalité, la plupart de ces derniers connaissent leurs victimes, qu'il s'agisse de camarades de classe, d'anciens amis ou de partenaires amoureux éconduits. Par ailleurs, les réseaux sociaux et autres plateformes peuvent dénoncer certains utilisateurs s'il est prouvé que ceux-ci ont enfreint les conditions d'utilisation notamment via de l'intimidation ou du cyberharcèlement.

7. Le cyberharcèlement est facile à déceler

Le problème avec le cyberharcèlement, c'est qu'il se produit dans le monde virtuel, ne laisse pas de traces physiques, mais peut assurément causer des dommages psychologiques aux victimes. Cela complique les choses pour les parents, surtout s'ils ont du mal à nouer un dialogue avec leurs enfants. Alors, il se peut que votre enfant se renferme sur lui et garde sa détresse secrète. Vous devez donc apprendre à mieux repérer les signes révélateurs. Cela peut notamment se matérialiser par des changements soudains dans le comportement, l'attitude ou des résultats scolaires qui se dégradent par exemple. Mais ces éléments ne sont évidemment pas systématiques et c’est aux parents de poser les bonnes questions avec tact et bienveillance.

8. Les cyberharceleurs sont des individus isolés et malveillants.

Lorsque les harceleurs sont finalement démasqués, la vérité sur leur identité peut souvent choquer leurs amis et leur famille. Certains individus (et plus qu’on ne le pense) peuvent se comporter en ligne d’une façon qu'ils n'envisageraient jamais dans la vie réelle. La plupart des harceleurs agissent ainsi pour de nombreuses raisons : ils ont eux-mêmes été victimes de harcèlement ou d'abus, ils ont une faible estime d'eux-mêmes ou des problèmes de santé mentale, ou encore ils subissent la pression de leur groupe d’amis. Il est facile de les dépeindre comme des démons, surtout s'ils font du mal à vos enfants. Mais la vérité est généralement plus complexe que cela.

9. Le cyberharcèlement est à l'origine d'un grand nombre de suicides.

Il existe malheureusement de nombreuses raisons pour lesquelles un jeune peut souhaiter mettre fin à ses jours, et le cyberharcèlement peut être ou non l'une d'entre elles. Quoi qu'il en soit, nous devons rester vigilants face aux dangers que représente le harcèlement en ligne et en particulier pour les internautes les plus vulnérables de la société, notamment les enfants et adolescents.

10. Ce sont les réseaux sociaux qui sont responsables

Les réseaux sociaux et les plateformes de messagerie sont souvent diabolisés pour leur rôle de « facilitateurs » du cyberharcèlement. Mais les autorités les obligent à mieux surveiller leurs écosystèmes. La loi britannique sur la sécurité en ligne, par exemple, est l'une des plus rigoureuses au monde, imposant à certains services en ligne un « devoir de vigilance » afin de garantir le bien-être de leurs utilisateurs. Néanmoins, le harcèlement n'est pas toujours facile à repérer. Le contexte, les nuances, les expressions et les particularités linguistiques sont parfois difficiles à détecter avec précision par les algorithmes. Mais ceux-ci s'améliorent dans ce domaine, ce qui semble être inévitable. Quoi qu'il en soit, il est important que les parents discutent avec leurs enfants des risques et des pièges des réseaux sociaux.

A retenir :

Aucun parent ne souhaite que son enfant soit victime de cyberharcèlement. Néanmoins, l'alternative consistant à le couper du monde numérique pourrait faire plus de mal que de bien. La clé est de rester attentif aux signaux, de maintenir un dialogue ouvert et d'offrir votre soutien émotionnel (et pratique). Accompagner votre enfant et adolescent dans son apprentissage du numérique consiste aussi à faire face aux enjeux et problématiques qui en découlent.

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