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Influenceur : un métier pas toujours fun ou glamour

Ondrej Kubovič | 01 Mar 2022
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Que rêviez-vous de faire quand vous étiez enfant ? Médecin ? Professeur·e ? Pilote ou astronaute ? Une récente enquête menée auprès de 2 000  parents d’enfants âgés de 11 à 16 ans montre que les médecins (18 %) restent en tête de la liste des métiers de rêve. Ils sont cependant suivis de près par les influenceur·euse·s sur les réseaux sociaux (17 %) et plus particulièrement par les YouTubeur·euse·s (14 %).

Être une star des réseaux sociaux peut sembler très attrayant. Les influenceur·euse·s sont célèbres et voyagent dans des pays exotiques, les entreprises leur offrent de nombreux produits et, surtout, ces nouveaux métiers peuvent s’accompagner d’une rémunération substantielle. 

Mais ce que les enfants et peut-être leurs parents ne voient souvent pas, c’est l’envers du décor. Si votre enfant espère devenir une star bien rémunérée sur Instagram ou YouTube, il·elle doit se préparer à être confronté·e à de nombreux défis. 

Créer de nouveaux contenus est un travail difficile 

Divertir une foule énorme d’abonnés demande un effort constant. La création de nouvelles publications intéressantes chaque jour peut prendre beaucoup de temps et être épuisante. 

Il peut être éprouvant sur le plan émotionnel d’investir beaucoup de temps et d’énergie dans une publication, pour ensuite voir les internautes l’ignorer ou la moquer. De nombreux jeunes influenceur·euse·s, qui fondent leur valeur sur les « j’aime » et les « partages » qu’il·elle·s reçoivent, vivent difficilement la volatilité de l’attention du public en ligne. Cela peut conduire à des poussées d’angoisse, comme l’ont confirmé les témoignages d’influenceur·euse·s qui ont souffert de dépression et d’épuisement à la fin de leur adolescence. Imaginez combien il serait difficile pour un jeune enfant de gérer de tels problèmes. 

Fonder l’estime de soi sur la reconnaissance du public à un âge précoce est risqué. L’identité d’un individu est encore en cours de formation à la fin de l’adolescence. L’envie d’être un exemple de réussite auprès de leurs abonnés en ligne peut rendre ce processus beaucoup plus compliqué. Un·e adolescent·e peut se focaliser sur ce que son public attend de lui·elle plutôt que de découvrir naturellement ses propres points forts, ses talents et son identité. 

Les abonnés ne sont pas de véritables amis 

Les jeunes enfants ont également tendance à négliger le simple fait que les abonnés ne sont pas de véritables amis. Le public anonyme en ligne ne les soutiendra pas lorsqu’ils·elles auront besoin de prendre du recul par rapport aux dernières tendances des réseaux sociaux, ni ne sera leur confident dans les moments difficiles. Les véritables amis et la famille ne peuvent être remplacés et ne doivent pas être négligés au profit d’une vie numérique. 

La haine en ligne est inévitable 

Toute personne populaire sur les réseaux sociaux devra inévitablement faire face à de la haine en ligne. Les messages haineux laissés en commentaires sont une charge émotionnelle, tandis que les menaces réelles sont effrayantes pour quiconque, quel que soit l’âge. 

Les parents peuvent aider leurs enfants en modérant les commentaires et en signalant les comportements inappropriés aux administrateurs, mais cela n’est pas possible lorsqu’il s’agit d’un grand nombre de personnes. 

La haine peut également s’étendre à d’autres domaines de la vie d’un enfant. Les harceleurs à l’école ne font que répéter les commentaires malveillants du monde numérique pour rendre la vie des jeunes influenceur·euse·s particulièrement difficile. Un enfant qui devient célèbre est dans une situation à risque car les adolescents rivalisent pour réussir et gagner en popularité. Par conséquent, de nombreux camarades peuvent être jaloux ou méchants, et certaines amitiés peuvent devenir superficielles (voire factices). À cet âge, ces expériences peuvent être encore plus douloureuses. 

Partage excessif et autres mauvaises habitudes 

Kim Kardashian est l’une des personnalités les plus influentes sur les réseaux sociaux, qui aime partager tout ce qui concerne sa vie privée. Lors d’une de ses visites à Paris, cela s’est retourné contre elle de la pire des façons, puisqu’elle a été victime de cambrioleurs qui l’ont menacée d’une arme. Les malfaiteurs lui ont volé des bijoux d’une valeur de huit millions de dollars. Il est apparu plus tard que le hold-up avait été organisé grâce aux publications de Kim sur les réseaux sociaux. 

Cet exemple de partage excessif devrait servir d’avertissement à tous, en particulier aux jeunes influenceur·euse·s, qui sont prêt·e·s à faire presque n’importe quoi pour plaire à leurs abonnés. Les conseils des parents au début de la vie numérique d’un enfant sont essentiels. Ils permettent de fixer des limites saines entre vie publique et vie privée sur les réseaux sociaux. N’oubliez pas que tout ce qui est publié en ligne y restera pour toujours. 

Nous devons également souligner que les stars des réseaux sociaux peuvent inciter les enfants à agir d’une manière qui n’est pas nécessairement bonne pour eux. Suivre de mauvais conseils ou la dernière mode sur les réseaux sociaux peut conduire à des dangers que de nombreux adultes n’imaginent même pas, comme par exemple le « Tide Pod challenge », ou défi d’ingérer une dosette de lessive. 

Les profils en ligne sont rarement le reflet de la réalité, aussi beaux soient-ils 

Les enfants doivent comprendre que ce qu’ils voient sur les réseaux sociaux n’est pas la vraie vie. La plupart des publications des influenceur·euse·s sont mises en scène. Elles sont fortement éditées et peuvent provoquer un sentiment d’inadéquation chez les abonnés. Pour y remédier, certaines stars des réseaux sociaux ont même commencé à décrire les préparatifs nécessaires à la réalisation en amont des vidéos ou des photos. En ajoutant ces détails, elles essaient de montrer que leur vie en ligne n’est qu’une petite partie de la perspective générale, qui comprend aussi son lot de moments moins joyeux. 

YouTube comme service de psychologie ?

De nombreux YouTubeur·euse·s publient des vidéos sur leurs hauts et leurs bas, leurs ruptures, leurs angoisses et leurs peurs. Cela peut être utile pour montrer qu’il est normal de se sentir parfois déprimé, et qu’il existe des moyens de s’en sortir. Cependant, ce qui est valable pour une personne ne convient pas nécessairement à d’autres, et ce n’est pas le meilleur moyen d’aborder des problèmes psychologiques graves. Une chaîne YouTube ne remplace pas un véritable dialogue sur des questions sensibles avec des personnes de confiance telles que des amis, des membres de la famille ou un psychologue. 

Que peut faire un parent pour assurer la sécurité de ses enfants ?

  1. Discutez avec vos enfants et guidez leurs activités en ligne dès leur plus jeune âge. S’ils prennent de bonnes habitudes lorsqu’ils sont jeunes, il y a de fortes chances qu’ils les conservent à l’adolescence. Maintenez un dialogue aussi ouvert que possible. Veillez à ce que votre enfant vous considère comme un allié en cas de problème dans sa vie en ligne. 
  2. Si votre enfant suit un·e influenceur·euse, pensez à le suivre également et gardez un œil sur ce qui est publié ou partagé. Soyez présent·e pour discuter de tout contenu inapproprié qui pourrait apparaître. 
  3. Construisez des ponts entre les générations. Lors d’une conversation avec votre enfant, il peut être plus utile d’écouter que de parler. Montrez à votre enfant que vous êtes intéressé·e par ce qu’il·elle dit, et montrez l’exemple en mettant en pratique ce que vous prônez. 
  4. Acceptez l’ambition de votre enfant de devenir un·e créateur·rice de contenu reconnu·e comme une occasion de vous rapprocher, et de lui enseigner bien plus que la simple préparation des contenus diffusés en ligne. Tenez-vous au courant des dernières tendances chez les adolescents. Vous avez certes des responsabilités, mais essayez de ne pas agir avec autorité. Indiquez clairement que vous êtes tous deux en phase d’apprentissage. Vous pourrez ainsi dialoguer avec votre adolescent·e à un âge où la communication peut être particulièrement difficile. 
  5. Utilisez des outils de contrôle parental qui peuvent vous aider à garder un œil sur les activités de votre enfant en ligne et vous permettre d'identifier les situations pouvant nécessiter des conseils. Avec votre soutien, votre enfant apprendra à se comporter de manière responsable mais aussi à exprimer ses opinions, se fixer des objectifs positifs et les atteindre. Ce dernier point est particulièrement important de nos jours, car la plupart des adolescents s’attendent à des résultats immédiats. 
  6. L’apprentissage des réseaux sociaux va de pair avec l’apprentissage de la vie en société. Enseignez à votre enfant dès le début que le processus est aussi important que la réussite. Devenir un·e YouTubeur·euse à succès est un premier grand pas. C’est une aventure longue et compliquée qui comprend de nombreuses petites étapes. Aidez votre enfant à développer un esprit critique, à identifier les fausses informations et à agir intelligemment et de manière proactive sur Internet. 

A propos de l'auteur

Ondrej Kubovič /
Security Awareness Specialist

Ondrej travaille chez ESET depuis plus de trois ans en tant que Spécialiste Security Awareness...

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