Trouver l'équilibre : comment favoriser l'indépendance des enfants tout en assurant leur sécurité ?
Alžbeta Kovaľová
| 04 Dec 2024
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En tant que parents, nous souhaitons tous voir nos enfants s'épanouir et devenir indépendants, notamment dans leur utilisation du monde numérique. Cependant, alors que nous favorisons la liberté et l'autonomie, nous nous retrouvons souvent confrontés à l'inquiétude constante que suscite leur sécurité (notamment numérique). Trouver un équilibre entre la liberté de découvrir et d’explorer de nos enfants et la nécessité de les protéger de tout danger peut s'avérer très complexe.
Dans cet article, Jarmila Tomkova, psychologue pour enfants, apportera son éclairage pour explorer l'équilibre délicat entre l'encouragement à l'indépendance de nos enfants et la prise en compte de nos préoccupations parentales naturelles. Ensemble, nous étudierons des stratégies visant à favoriser le sentiment d'autonomie de nos enfants tout en mettant en œuvre des mesures de sécurité pour assurer leur bien-être.
« L'établissement de limites entre la liberté et la sécurité n'est pas un concept fixe », explique Jarmila. « C'est très individuel et dépend de l'âge de l'enfant et de son état de préparation. D'une part, le parent a besoin d'informations pour pouvoir lâcher prise et s’assurer que l'enfant restera en sécurité en ligne et hors ligne, mais d'autre part, en permettant à l'enfant d'avoir un sentiment de liberté, nous renforçons sa confiance dans sa propre prise de décision, ce qui s'avérera très utile plus tard. »
« Il est important de noter que rien n'est sûr à 100 % dans la vie », souligne la psychologue pour enfants. « Si nous pouvons être sûrs à 100 % que l'enfant est en sécurité en contrôlant chacun de ses mouvements en ligne, sa sécurité totale pour l'avenir et sa capacité à prendre ses propres décisions vont se construire différemment. De même, une liberté totale dès le plus jeune âge n'est pas une bonne chose. Nous devons travailler avec l'enfant pour déterminer quand et comment repousser les limites ».
Les limites doivent être spécifiques à l'âge
« Les enfants avant l'âge de 9 ans, en particulier les enfants de maternelle et les premières années d'école, sont les premiers utilisateurs du monde numérique. C'est l'âge où le contrôle et la surveillance totale sont non seulement souhaités, mais aussi nécessaires et psychologiquement importants », explique Jarmila. « Leur système cognitif et leur pensée ne sont pas encore capables de prendre des décisions indépendantes et ont besoin d'être guidés, un peu comme dans un manuel d'utilisation. Les enfants ont besoin de limites pour ne pas se sentir coincés dans le chaos ».
« Il n'est pas seulement nécessaire de fixer des limites à l'utilisation qu'ils peuvent faire de leurs appareils - la programmation de leurs « plages horaires d'activité en ligne » contribue à leur santé et à leur cyberhygiène, mais aussi en définissant quels moments, quels types d'applications et quels sites web ils peuvent visiter, ainsi que le contenu qui est acceptable. C’est exactement la même chose que lorsque nous leur expliquons comment se laver les dents, à quelle fréquence et que certains aliments comme les bonbons ne sont peut-être pas vraiment recommandés. Au début, l'enfant n'aimera sûrement pas trop ces règles, mais en les lui rappelant chaque jour et en le guidant tout au long de l'activité, cela deviendra une habitude, et notre supervision sera de moins en moins nécessaire », souligne la psychologue.
« Enseigner aux enfants les bons comportements en ligne peut se faire par le biais d'actions, de vidéos, de jeux et en profitant ensemble de l'espace en ligne, plutôt que par un ensemble de règles. »
« Le meilleur moyen de préparer votre enfant à ce qui l'attend est de lui donner des recommandations appropriées avant qu'il ne dispose d'une plus grande liberté », conseille Mme Jarmila. « Lorsque l'enfant est un peu plus âgé (début de l'adolescence, 10-13 ans), le paradigme commence à changer. Il peut même demander plus de liberté lorsqu'il se sent capable de l'assumer. Il est utile de l'écouter et de trouver ensemble la meilleure façon d'aller de l'avant. C'est à ce moment-là que l'on passe d'un contrôle total à une surveillance, le parent fixant des règles sur la base d'une conversation avec l'enfant, en gardant à l'esprit les besoins et les désirs de ce dernier ».
Lorsque l'enfant approche de l'âge adulte, la psychologue conseille : « Il est essentiel de faire confiance à l'enfant et de s'assurer qu'il ne passe pas tout son temps en ligne, qu'il a des activités et qu'il n'y a pas de problèmes majeurs. Je ne reviendrais à la surveillance qu'en cas de problèmes graves ».
Quelles sont les raisons de revenir à la surveillance et au contrôle de l’enfant ?
Dans les premières années, il est important de contrôler et de surveiller totalement le comportement en ligne de l'enfant. Au fur et à mesure qu'il grandit et mûrit, nous lui laissons progressivement plus de liberté et jouons le rôle d'un guide plutôt que celui d'un chef. Toutefois, dans certains cas, il peut être nécessaire et bénéfique de reprendre le contrôle.
Les raisons de revenir à la surveillance et au contrôle peuvent être les suivantes :
Utilisation excessive de l'espace en ligne
Négligence des autres activités
Le secret dans leur comportement en ligne
Le monde en ligne devient plus important que le monde hors ligne
« Si l'enfant passe trop de temps en ligne et que cela affecte ses autres activités et sa personnalité, il est important de revoir les règles que nous avons établies et d'essayer de trouver une solution », conseille Jarmila. « En cas de problème grave, il peut même être judicieux de s'adresser à un professionnel. L'utilisation d'outils et de mesures de sécurité peut également être bénéfique, en particulier avec les jeunes enfants, mais même les enfants plus âgés peuvent en bénéficier dans certaines circonstances. Toutefois, je conseille vivement de privilégier le dialogue et la compréhension avant de prendre de telles mesures avec des enfants plus âgés. »
« Je dois insister sur le fait qu'à moins qu'il n'y ait un problème, cela peut faire plus de mal que de bien de trop contrôler l'enfant et de ne pas lui laisser sa liberté. Cela peut avoir un impact sur sa santé mentale, sur votre relation et sur sa confiance », souligne Jarmila lorsqu'on lui demande pourquoi la liberté est si importante.
« S'il est en contact avec le reste du monde et ne vit pas uniquement sur son téléphone, il n'y a aucune raison de le restreindre. »
Risques liés à un contrôle excessif de l'enfant (s'il n'y a pas de raison de le restreindre)
Relation parent-enfant : érosion de la confiance, sentiment d'insignifiance, manque d'autonomie et d'expression, diminution de l'estime de soi, sentiment acquis d'impuissance et diminution de la capacité à prendre des décisions indépendantes.
Impact social : difficultés à s'intégrer dans la société, incompréhension de la dynamique sociale et de la culture, difficultés d'intégration sociale.
Faites-vous confiance ! Vous faites du bon travail !
Tout d'abord, il est important de comprendre que tout ce que nous faisons est et doit être dans l'intérêt de l'enfant, et non pour surmonter nos propres insécurités. « Rien de ce que nous faisons ne sera jamais parfait à 100 %. J'aime à penser que c'est la règle des 70. Plus nous nous imposons à nous-mêmes et à nos enfants, moins c'est bénéfique pour eux, pour nous et pour notre relation », explique Jarmila. « Les parents doivent être convaincus que les règles et les méthodes qu'ils ont montrées à leurs enfants lorsqu'ils étaient jeunes sont suffisantes. Ils ont fait leur part du travail. C'est maintenant à l'enfant de gérer sa propre vie ».
Il est tout à fait humain de faire des erreurs, et nos enfants en feront tout comme nous.
« Oui, il peut y avoir un moment où nous voyons notre enfant se débattre, faire des erreurs, mais c'est une opportunité, pas la fin du monde. Montrez-leur comment apprendre de leurs erreurs et comment aller de l'avant. Soyez là pour lui, mais ne le poussez pas. De telles situations peuvent être des opportunités d'apprentissage pour les deux » conclut Jarmila.
