1. Fixez des limites le plus tôt possible
Quand les enfants doivent-ils commencer à utiliser les technologies intelligentes par eux-mêmes ? S’il est probable qu’ils n’aient qu’une expérience limitée des appareils intelligents dès leur plus jeune âge, par exemple en regardant des contes de fées sur YouTube, leurs parents surveillent généralement ces premières activités de très près. Ce n’est que lorsque les enfants grandissent qu’ils commencent à devenir des utilisateurs plus indépendants (mais toujours surveillés).
Comme l’explique Jarmila Tomkova, « vers l’âge de 11 ans, la pensée d’un enfant passe du concret à l’abstrait. Avant cette période, les enfants sont très susceptibles d’être influencés par les personnes et les choses qui les entourent, ce qui peut représenter un réel danger dans le monde de la technologie : un jeune enfant peut être facilement manipulé par des publicités et des contenus inappropriés. Mais une fois qu’ils sont capables de discerner la frontière entre le concret et l’abstrait, ils peuvent mieux comprendre le monde en ligne et l’utiliser de manière plus rationnelle et bénéfique. »
Toutefois, les parents devraient discuter des technologies intelligentes avec leurs enfants en amont, en tout cas bien avant de les laisser utiliser leurs propres appareils. « Les enfants doivent comprendre à quoi s’attendre avant d’entrer dans le monde en ligne, comment se protéger en ligne et surtout comment éviter les situations désagréables. Ils doivent surtout savoir que s’ils rencontrent quelque chose qui les met mal à l’aise, ils peuvent toujours s’adresser à leurs parents et leur demander conseil. »
Le psychologue suggère également que même si un enfant est assez âgé pour utiliser les technologies intelligentes par lui-même, il a encore besoin d’être guidé : « J’utilise souvent l’analogie avec la conduite automobile. Même si un enfant est mentalement prêt à conduire, cela ne signifie pas qu’il doit immédiatement s’asseoir au volant. Il doit d’abord apprendre à conduire, et vivre différents scénarios sous surveillance afin de savoir comment réagir à l’avenir. Il en va de même pour la technologie. » De même, nous pouvons considérer les applications de contrôle parental comme des « pilotes automatiques » utiles qui aident les parents à naviguer et protéger leurs enfants dans la sphère numérique.
2. Montrez l’exemple
Les parents doivent être un exemple pour leurs enfants en ayant une relation saine avec les réseaux sociaux. « Ils incarnent en fait des créateurs de tendances pour leurs jeunes enfants, et ils doivent en être conscients. Ils influencent leurs enfants par la façon dont ils utilisent la technologie, et ont également le pouvoir d’instaurer des haitudes saines. La façon dont ils les fixent et où ils tracent les limites reste à leur entière discrétion. Mais ils doivent être conscients de leur propre rôle et créer une organisation raisonnable que leur famille peut adopter, » suggère Jarmila Tomkova.
3. Apprenez aux enfants qu’ils sont libres de ne pas être dépendants de la technologie
En mettant en place des pratiques d’hygiène numérique saines, les enfants n’auront idéalement pas l’impression d’être soumis à de fortes restrictions sans raison. « Une utilisation raisonnable des réseaux numériques peut être comparée à un régime alimentaire sain. Nous avons besoin de nourriture pour survivre et nous mangeons toutes sortes de choses, aussi bien des bonbons que des aliments nutritifs. Mais nous ne pouvons pas manger continuellement sans nous arrêter, ni ne manger que des bonbons toute la journée ou manger juste avant de dormir. En même temps, lorsque nous apprenons aux enfants à manger sainement, nous leur expliquons tout et nous ne les soumettons pas à un régime sévère qui ne ferait que les rendre frustrés. Cela ne ferait que les conduire à des grignotages secrets ou à la boulimie, entre autres choses, » explique Jarmila Tomkova.
Les enfants doivent comprendre que les limites sont essentielles, que le maintien d’une hygiène numérique les aide à profiter de leur vie en ligne et hors ligne, et leur assure une bonne santé psychologique. Ils doivent également comprendre qu’ils sont libres de ne pas être dépendants de la technologie. « Lorsque nous sommes constamment en ligne, notre cerveau devient dépendant du contenu que nous consommons. Nous devrions apprendre aux enfants qu’ils ne perdent rien lorsqu’ils ne sont pas toujours sur leur téléphone. Au contraire, ils gagnent en liberté. Les adolescents apprécieront d’être à la fois des experts du numérique et des personnes émancipées, plutôt que de se sentir asservis par la technologie, » ajoute Mme Tomkova.
4. Définissez le “bon” moment
L’âge auquel vos enfants commencent à utiliser la technologie est déterminant. En ce qui concerne le temps qu’ils doivent passer sur leur téléphone ou leur ordinateur portable, la psychologue affirme qu’il n’y a pas de règle absolue. Au lieu de cela, chaque famille devrait établir des horaires d’utilisation de manière raisonnable et claire. Pour les enfants de moins de 3 ans, nous limitons plus strictement le temps d’écran. Cela ne doit pas dépasser 30 à 50 minutes par jour, et toujours par tranches de temps courtes. Nous recommandons également de tirer parti des opportunités naturelles, comme de courts appels vidéo avec la famille, ou choisir des jeux ou des contes lents et non agressifs. Lorsque les enfants grandissent, les règles peuvent être adaptées à leurs besoins spécifiques.
Les parents devraient également aider leurs enfants à comprendre leurs motivations, et savoir quand et pourquoi ils ressentent le besoin d’utiliser leurs appareils. « D’après les statistiques, les gens ont tendance à regarder leur téléphone toutes les 6 minutes, ce qui est un chiffre très élevé, » affirme Mme Tomkova. Cela représente en moyenne 3 heures et 15 minutes chaque jour. L’utilisation d’un téléphone ou d’un ordinateur portable ne doit pas devenir une activité irréfléchie que les enfants font automatiquement, ou simplement parce qu’ils s’ennuient. Les parents devraient discuter de la technologie des médias avec leurs enfants et dialoguer pour créer une relation de confiance. Grâce à ce dialogue, nous aidons les enfants à être plus conscients d’eux-mêmes et donc d’autoréguler leur propre utilisation.
« Même si cet aspect a parfois tendance à être négligé, le moment où les enfants utilisent leurs appareils est également important, » ajoute la psychologue. Par exemple, l’utilisation de la technologie juste avant le coucher peut empêcher les enfants à s’endormir facilement. De même, regarder son téléphone dès le matin n’est pas l’habitude la plus saine, car le cerveau a besoin de temps pour se réveiller et se préparer à affronter la journée. N’oubliez donc pas de penser à la fréquence et la motivation, mais également au moment de l’utilisation.
5. Équilibrez les activités en ligne et hors ligne
Plus nous utilisons nos appareils, moins nous bougeons. En outre, le contenu en ligne est fortement stimulant, et c’est particulièrement vrai pour les jeux d’action et TikTok. Face à ce type de contenu, notre cerveau a tendance à entrer dans un état de quasi-transe et d’hyperexcitation. « Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les enfants jouent à un jeu en ligne pendant une heure, puis aillent immédiatement faire leurs devoirs. Ils ont besoin d’un certain temps pour récupérer sur le plan neurologique, par exemple en marchant, en courant ou en jouant dans le jardin. Ils seront ensuite mieux préparés à rester assis et se concentrer de nouveau, » commente Mme Tomkova.
Étant donné que toute cette excitation se produit dans le cerveau alors que le corps, lui, reste immobile, les enfants doivent équilibrer leur temps en ligne avec des activités hors ligne, notamment différents types de mouvements et de sports.
En bougeant le corps, l’effervescence accumulée peut être naturellement libérée, ce qui permet à l’enfant de se concentrer sur d’autres tâches et activités. Outre les activités physiques, nous devrions également inciter les enfants à trouver d’autres passe-temps hors ligne et veiller à ce qu’ils aient des contacts avec leurs amis et leur famille dans la vie réelle, et pas seulement sur Internet.
6. Adoptez la bonne détox numérique
La détox numérique est de plus en plus populaire chez les adultes. Certains s’abstiennent intentionnellement d’utiliser les technologies en ligne et les appareils intelligents pendant une période limitée, et choisissent de prendre du recul afin de se concentrer sur le monde hors ligne. Une approche aussi radicale convient-elle aux enfants ? « La détox numérique ne devrait être une option que lorsque l’enfant a déjà une hygiène numérique équilibrée. Sinon, cela pourrait faire plus de mal que de bien, » répond Mme Tomkova.
Si nous décidons d’essayer la détox numérique, nous devons le faire correctement. Comment ? « Il faut tout d’abord une raison, par exemple, nous pouvons faire un pari avec nos enfants sur celui qui sera capable de rester sans technologie le plus longtemps. Ou bien, nous pouvons nous lancer un défi et dire que nous voulons observer ensemble nos "fringales de numérique" pour voir quand nous sommes le plus tentés d’utiliser nos téléphones. Si la détox n’a pas un objectif clair, les enfants la percevront comme une restriction insensée, » conseille la psychologue. Si nous décidons de l’essayer, nous devons utiliser efficacement cette expérience en discutant des différentes émotions et prises de conscience que nous en avons tirées.
Les parents doivent également réfléchir au meilleur moment pour effectuer la détox. « Nous pouvons décider de mettre de côté la technologie pendant un voyage, par exemple, pour nous concentrer davantage sur nos expériences. Mais si nous planifions la détox un jour de pluie, alors qu’aucune autre activité n’est prévue, l’expérience risque de ne pas être agréable, » conclut la psychologue Jarmila Tomkova. Dans l’ensemble, une détox numérique peut être une expérience intéressante, mais il est toujours préférable de commencer par adopter une hygiène numérique saine et durable.
Soyez transparent dans la création des règles d’hygiène numérique. Il peut être utile de créer un « contrat numérique familial » et l’afficher dans un endroit où tous les membres de la famille peuvent facilement le consulter. C’est un moyen ludique de garder en tête ses engagements, que l’on soit un enfant... ou un parent !