Quelques chiffres pour débuter. Les pertes totales liées à la fraude d'identité aux États-Unis ont été estimées à 43 milliards de dollars l'année dernière. En France, en 2018, la CNIL constatait déjà 2000 cas de violation de données personnelles et nous en donne la définition suivante : nuire à la réputation d'une personne, réaliser des opérations malveillantes ou frauduleuses en son nom (1).
Invitée de France info plus tôt cette année à l'occasion de la Journée internationale pour un internet plus sûr, Justine Atlan, la directrice générale d'e-Enfance témoigne : "L'usurpation d'identité est assez courante" et insiste sur la nécessité, en premier lieu, "de faire cesser la diffusion" des images.
Alors que beaucoup d'entre nous sont de plus en plus sensibilisés à la protection de nos informations personnelles en ligne, pouvons-nous en dire autant des données de nos enfants ?
Un problème aux conséquences importantes
Les escrocs utilisent les données d'identité des enfants au même titre que celles des adultes :
- Ouverture de comptes bancaires pour le blanchiment d'argent et les escroqueries
- Ouvrir des comptes de carte de crédit
- Obtention frauduleuse de prestations sociales ou de prêts
Pourquoi les informations des jeunes sont-elles si populaires parmi les criminels ? Cela tient d’une part au fait que les enfants n'ont pas d’antécédents bancaires négatifs et d’autre part que la victime elle-même est moins susceptible de remarquer que son identité a été volée. Les escroqueries peuvent passer inaperçues pendant des années.
Comment se produit le vol d'identité d'enfant?
La cybercriminalité est une machine bien huilée où les différents acteurs ont des rôles précis. Les premiers cybercriminels récoltent des données personnelles, puis les vendent sur des marchés et des forums du dark web, pour que les escrocs les utilisent dans des attaques ultérieures. Encore une fois, les méthodes d'obtention de ces données sont similaires à celles utilisées pour compromettre les adultes. Il s'agit notamment des techniques suivantes :
- Hameçonnage par e-mail, via les réseaux sociaux ou même SMS. Les individus sont incités à cliquer sur des liens malveillants, à installer potentiellement des logiciels malveillants qui volent des informations, ou à transmettre leurs données personnelles - peut-être pour participer à un tirage au sort inexistant.
- Violations par des tiers. Environ 1,7 million d'enfants américains, soit 1 sur 43, ont vu leurs informations personnelles exposées et potentiellement compromises par une violation de données l'année dernière, sans faute de leur part.
- Prise de contrôle de compte : les jeux, les médias sociaux et même les comptes d'apprentissage en ligne peuvent être de précieuses quantités d'informations sur l'identité. Ils peuvent être compromis par des attaques de phishing, le craquage / devinage de mots de passe par force brute et d'autres techniques.
- Partage excessif sur les réseaux sociaux : les parents peuvent être à l’origine des fuites en partageant trop d'informations personnelles via des comptes sociaux. Même les dates de naissance et les détails de leur scolarité peuvent être utilisés comme armes dans des escroqueries de suivi conçues pour obtenir plus d'informations.
- Membres de la famille : la fraude familiale est scandaleusement courante. Dans environ 67 % des ménages victimes de fraude d'identité d'enfant, la victime connaissait personnellement le ou les auteurs. L'accès rapproché à des documents sensibles donne à ces membres de la famille l'occasion parfaite, et une présomption d'innocence signifie que la fraude peut passer inaperçue pendant des années.
- Vol physique : les anciennes méthodes sont toujours populaires, comme saisir des documents de la corbeille ou même directement du courrier.
Comment protéger l'identité de votre enfant ?
Heureusement, plusieurs pratiques exemplaires éprouvées peuvent avoir un impact positif et significatif sur le risque d'identité de l'enfant et n'ont pas besoin d'être trop onéreuses. Il s'agit notamment des éléments suivants :
Repérez les signes avant-coureurs
Outre les mesures préventives, il est logique de rester attentif à la perspective de tentatives de fraude en utilisant les données d'identité de vos enfants. Voici des signes révélateurs que quelque chose ne va pas :
- Des factures/relevés inhabituels ou inattendus arrivent adressés à votre enfant.
- Les prestations sociales sont refusées parce que le gouvernement prétend qu'elles ont déjà été versées au numéro de sécurité sociale de votre enfant.
- Lettres fiscales exigeant des impôts de votre enfant.
- Les demandes de compte bancaire sont rejetées en raison de mauvais antécédents de crédit.
- Les agences de recouvrement commencent à appeler pour demander à parler à votre enfant.
Que faire si cela arrive ?
Si cela se produit, il est important d'agir rapidement.
- Signalez l'incident auprès des dispositifs e-Enfance ou Cybermalveillance.gouv.fr
- Signalez l'incident à la police, portez plainte.
- Informez toute organisation où les informations de votre enfant ont été utilisées pour ouvrir un compte frauduleux. Demandez-leur de le fermer et d'obtenir une confirmation écrite que votre enfant n'en est pas responsable.
La fraude d'identité fait partie de la vie – malheureusement aussi pour nos enfants. Être un parent responsable à l'ère numérique peut exiger plus d'efforts qu'il y a 20 ans mais c'est une nécessité à ne pas négliger.
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