Le partage excessif ne concerne pas seulement la mise en ligne d’informations privées, mais également la communication et le respect des limites des autres individus. Comment les enfants peuvent-ils gérer leur envie de partager trop de choses ? Et pourquoi, avant de montrer quelqu’un d’autre sur leur profil, ils devraient toujours demander son consentement.
En collaboration avec Jarmila Tomkova, psychologue pour enfants, nous avons préparé quelques conseils et activités qui peuvent les aider à trouver des réponses.
1. Considérez les réseaux sociaux comme une forme de communication. Les enfants communiquent avec leurs amis via des publications, et interagissent également avec d’autres personnes via des applications de messagerie en ligne ou de chats. Toutefois, en raison de l’effet de désinhibition en ligne, les gens peuvent se sentir plus courageux sur Internet et sont susceptibles de révéler davantage d’informations sur eux-mêmes. Comme il n’y a souvent aucun moyen de voir la personne de l’autre côté de l’écran, les enfants ne peuvent déchiffrer ni son langage corporel ni ses codes sociaux, et il leur est donc plus difficile de déterminer ce qu’il est approprié de publier. Rappelez à vos enfants que les personnes avec lesquelles ils communiquent en ligne sont des êtres humains. Partageraient-ils ces choses avec d’autres personnes en face à face ? Si ce n’est pas le cas, alors il serait préférable de ne pas les mettre en ligne.
Activité conseillée
À quoi ressemblent les conversations de votre enfant ?
Le partage excessif peut être considéré comme un type de communication déformée, c’est pourquoi travailler sur les compétences de communication de votre enfant peut l’aider à reconnaître et éviter de trop partager. Demandez à votre enfant d’ouvrir son application de messagerie et de lire les différentes conversations. À quoi ressemblent-elles ? Le nombre de messages de votre enfant et de ses amis sont-ils à parts égales ? Votre enfant dialogue-t-il avec les autres plutôt que de se contenter d’un monologue ? Accorde-t-il aux autres suffisamment d’espace pour qu’ils puissent eux aussi partager leurs réflexions ? Si ce n’est pas le cas, il serait intéressant de l’aider à comprendre comment mieux équilibrer la conversation.
2. Chacun d’entre nous a des limites différentes. Si vos enfants ne voient pas d’inconvénient à partager leurs photos ou leurs opinions en ligne, certains de leurs amis peuvent avoir un avis différent. Avant d’inclure quelqu’un d’autre dans un message, qu’il s’agisse d’une photo ou d’un simple message écrit, vos enfants devraient demander un consentement. Cela vaut non seulement pour les enfants, mais également pour leurs parents. Sans consentement, le fait de partager les photos ou les réflexions d’autres personnes peut être perçu comme un manque d’égards. Les enfants devraient également savoir que chaque personne possède une vision personnelle de la bonne façon de communiquer. Par exemple, certains peuvent être à l’aise pour discuter ouvertement de leurs résultats scolaires ou de leur situation familiale, tandis que d’autres préfèrent éviter complètement ces sujets. Encouragez vos enfants à nouer de solides relations avec leurs camarades en respectant les limites de chacun, en ligne et hors ligne.
3. Vous vous sentez impatient, en colère ou fragile ? Alors il vaut peut-être mieux attendre avant de publier. Lorsque quelque chose de stimulant ou de perturbant se produit, vos enfants peuvent immédiatement vouloir partager leurs pensées. Cependant, lorsqu’ils sont sous le coup de l’émotion, il peut leur être difficile de déterminer correctement ce qu’il est acceptable de publier. Par exemple, s’ils viennent de se disputer avec leurs amis, ils peuvent vouloir écrire un message de mécontentement sur leur profil Facebook. Une fois les émotions dissipées, ils peuvent se sentir coupables d’avoir rédigé de telles pensées, mais tout ce qui est publié en ligne peut potentiellement y rester, même après avoir été supprimé. Quelqu’un pourrait, par exemple, faire une capture d’écran du message et l’enregistrer sans le consentement de votre enfant. Essayez de trouver d’autres moyens de canaliser les émotions fortes des plus jeunes plutôt que de les laisser les communiquer en ligne.
Conseils pour les parents
Essayez de prendre du recul
Lorsque les enfants partagent trop, ce n’est pas forcément parce qu’ils ne comprennent pas bien la limite entre ce qui est public et ce qui est privé. Dans certains cas, le partage excessif peut être une façon de demander de l’attention, voire de l’aide. Si vous avez l’impression que votre enfant partage trop d’informations en ligne, essayez de vous rapprocher de lui. Se sent-il bien ? Interrogez-le sur la situation, mais plutôt que de choisir des questions directes telles que « Pourquoi as-tu fait cela ? », qui risquent d’amener votre enfant à s’opposer, optez pour un ton compréhensif et formulez vos questions avec l’intention de comprendre : « Qu’est-ce qui était important pour toi lorsque tu as posté ce message ? Qu’espérais-tu en faisant cela ? ». Les enfants se confient parfois trop parce qu’ils pensent que cela les aidera à se faire plus d’amis, ou parce qu’ils ont besoin de votre attention ou de celle de leurs camarades. Essayez de trouver ensemble des solutions à ces problèmes.
4. Encouragez vos enfants à trouver d’autres façons de partager. Veillez à ce qu’ils aient quelqu’un à qui parler, qu’il s’agisse de leur famille, de leurs amis, ou d’un psychologue en cas de besoin. Un animal de compagnie peut également les aider à se sentir valorisés et utiles, de sorte qu’ils seront moins enclins à rechercher des satisfactions en ligne. Enfin, bien que cela puisse sembler désuet, tenir un journal intime peut s’avérer très utile car il permet aux enfants d’apprendre à exprimer leurs pensées de manière efficace et détaillée sans trop partager en ligne à la vue de tout le monde.
Conseil d’activité
Cercle de partage sûr
Lorsque vos enfants disposent d’un environnement sûr pour partager leurs sentiments, ils seront moins enclins à publier trop de choses en ligne. Vous pouvez planifier des sessions régulières avec toute la famille, par exemple après chaque dîner ou pendant le week-end. Comme le suggère la psychologue Jarmila Tomkova, invitez vos enfants à exprimer leurs émotions positives et négatives en créant un « sandwich » de partage.
Tous les membres de la famille peuvent parler d’abord de ce qu’ils ont accompli ce jour-là, puis des défis et des difficultés auxquels ils ont été confrontés, et enfin de quelque chose de positif, comme ce qu’ils ont apprécié, ce qui les a agréablement surpris ou ce dont ils sont reconnaissants. Chaque personne devrait disposer d’un espace suffisant pour partager ses réflexions et les autres devraient répondre de manière appropriée avant de passer à leurs propres réalisations ou problèmes. De cette façon, vos enfants apprendront à partager et écouter, et ils sentiront qu’ils ont un cercle de personnes sur lesquelles ils peuvent compter.
Pourquoi le partage excessif est un problème du point de vue de la cybersécurité ? Et quelles sont les données qui devraient toujours rester privées ? Pour en savoir plus, consultez la première partie de cet article.